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« Nous sommes ingrats envers les penseurs et les artistes qui nous ont précédés. Que serions-nous sans eux ? Ils ont été les anneaux qui nous relient à la chaîne infinie. Comme dans un cerveau individuel une idée en amène une autre, leur œuvre a suscité la nôtre. »
Louise Ackermann, Journal
Ce livre s’ouvre comme une enquête sur Louise Ackermann (1813-1890). Qui était-elle ? L’Histoire – avec sa grande hache – l’a en partie effacée, son nom étant peu mentionné dans les anthologies, les encyclopédies qui touchent à la littérature du XIXe siècle. Sans doute qu’en plus d’avoir le défaut d’être une femme, elle n’avait pas le goût d’organiser elle-même sa propre publicité et ne cherchait pas la gloire.
Penseuse, poétesse, sincère, enthousiaste, colérique aussi, et admirée par Tolstoï, elle disait : « Je ne suis pas femme de lettres ; je n’écris pas, je chante. » Les fragments réunis ici – articles, écrits personnels, biographies, poèmes, lettres, journal intime, notices de ses contemporains et des lieux qu’elle a fréquentés –, constituent le matériau qui permettra de (re) découvrir son lyrisme, son insolence tranquille et la modernité de sa voix sans concession. En somme, de ce qui reste dans son sillage.
La réunion en un seul volume des œuvres complètes de Louise Ackermann, en offrant une vision globale de ses écrits, peut nous permettre de réaliser aujourd’hui à quel point son Journal, ses Pensées et ses poèmes forment un tout, charpenté par une ténacité sans équivalence dans le paysage littéraire.
Son caractère tranché, son esprit scrutateur et sa façon de refuser tout compromis allaient de pair avec l’incapacité d’assurer sa propre publicité. Elle connut la célébrité, mais bien vite préféra aux dîners mondains une vie simple, rythmée par l’écriture et le travail du jardin.
Elle aura œuvré seule et sans relâche à affûter sa pensée et ses vers.
Après notre rétrospective Dans le sillage de Louise Ackermann, parue en 2020, ces œuvres complètes permettront à chacun d’approfondir sa lecture de la poétesse et penseuse qu’est Louise Ackermann, tout en mettant en lumière la trajectoire singulière d’une femme, tendue, lucide, ardente.
Pendant l’été, elles allaient jusqu’à Robinson, mais c’était loin, et le train qui devait les ramener ne leur laissait qu’une heure de répit. Aussi elles ne perdaient pas une minute, elles couraient d’une traite de la gare à la salle de bal. Et là, sans s’occuper des garçons en quête de danseuses, elles s’enlaçaient et dansaient avec l’angoisse constante de manquer le train du retour.
Orpheline pauvre, bergère en Sologne, couturière à Paris, rien ne prédispose Marguerite Audoux à écrire. « Vous êtes le plus grand écrivain féminin d’aujourd’hui » estime une figure très respectée, critique d’art, auteur et journaliste, dans une lettre qu’il lui adresse.
Elle est une sorte d’anicroche, une anomalie. Aujourd’hui encore, on la range facilement du côté des écrivains régionalistes – on ne dit pourtant pas du Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, qu’elle a pratiquement inspiré et qui se situe dans le Cher, que c’est un roman régional.
Elle obtient contre toute attente le Prix Fémina Vie Heureuse en 1910.
Tirons sur le fil et déroulons-le : à partir de cette consécration qui lui accorda un peu de célébrité, remontons vers son enfance et son adolescence, puis suivons-la à Paris dans son atelier de couture, avant qu’elle n’entre en écriture, ceci jusqu’à la fin de sa vie.